NIMEPITA JETA
j'ai visité jette
En vérité, lorsqu’il créa le monde
Dieu choisit Jette
Il dit à Eve et à Adam
Devant tous les anges réunis
« Cette terre, laissez-moi
La modeler et en prendre soin
Pour qu’elle ressemble au Paradis
Pour qu’elle ressemble à l’Eden »
Une terre fertile, un ciel généreux
Les oiseaux comme ornement du ciel
Et dans l’onde limpide, une variété de poissons
Paix, amour et sécurité pour les hommes
Hommes de toutes les couleurs, en toute confiance
Langues de toutes les nations, sans rivalité
Départ de Kinshasa, passage rapide à Anvers
Arrivée à Jette, où la félicité m'attendait
* * *
Kimbilikiti !
Eh ! Kabile !
Du cimetière s'élèvent des voix
Dans les tombes grondent les voix des morts :
« Souviens-toi ! Oui ! Souviens-toi : »
« Si tu es agressé chez tes hôtes,
Mieux vaut ne pas en parler »
Paroles de revenants
Les voix d'outre-tombe mettent en garde :
« En terre étrangère, mange et tais-toi »
Mais je n’ai ni peur ni le choix
Non, je n’ai pas peur
Je mangerai, je parlerai ; je boirai, je m’enivrerai !
Je chanterai et danserai ; j’aimerai et serai aimé !
J’ai été invité à témoigner : me voici, pourquoi me gênerais-je ?
Hôte venu de si loin, laisserais-je passer une telle opportunité ?
Citoyens, amis, enfants, adultes !
Oncles blancs, oncles noirs
Recevez mes salutations les plus sincères
Que le malheur s'éloigne de vous, que votre joie soit parfaite !
Je viens de loin, de Kin-Lipopo
A Kinshasa-canicule, souffrance, désolation.
Notre pain quotidien, la fameuse hostie
Le corps du Christ, notre nourriture sacrée
C'est pareil à Bukavu, à Kindu, à Kasongo
A Mbujimayi, Lubumbashi, Kwilu-Ngongo
Partout le peuple gémit, partout il erre
Où se réfugier ? Qui appeler au secours ?
Chers amis, chères amies, de quoi vous plaindriez-vous ?
Votre beau pays, vous l’avez développé
Vous avez aplani montagnes et vallées
Vous avez assaini les cours d’eau et les puits
Vous balayez les rues et les routes
Vous débroussaillez le long des routes
Dans le jardin, les fleurs chassent la tristesse
Partout se répand le parfum de la joie de vivre
L’atmosphère ambiante est reposante
Partout un ciel gai
Maisons et clochers alternent merveilleusement
Chers amis, chères amies, de quoi vous plaindriez-vous ?
Chers amis, chères amies, de quoi vous plaindriez-vous ?
Qui est nanti, qui est pauvre ?
Qui est démuni, qui est sans domicile ?
Sans nourriture, avec un lit en herbes
Qui ne se lave pas, qui n’a pas de paix
Qui est maigre comme un clou, qui ?
Quel malheureux est abandonné aux intempéries ?
Qui est démuni au point d’accuser son voisin
De sorcier ?
Qui n’a ni eau ni électricité
Qui est humilié, jusqu'en prison
Chers amis, chères amies, de quoi vous plaindriez-vous ?
* * *
Esseghem ! Esseghem !
Appartement sur appartement
Fenêtres sur fenêtres
Pas un cri d’enfant
Pas de jeux d’adolescents
Pas une voix d’homme
Pas un chant de jeune fille
Pas d'âme qui vive
Pas de foule
Très peu de monde dehors
Où sont les habitants
La ville, ce sont de hauts clochers
Des centaines des maisons closes
Sans parole, sans vie
Un silence pesant
Un silence insupportable
Un silence effrayant
Procréez, mes amis, procréez
Procréez et remplissez vos maisons
Procréez et remplissez vos routes, cours, habitations
Aimez-vous, mariez-vous, multipliez-vous
Etre parent, c’est la vraie citoyenneté, la vraie fierté
Enfanter, c’est la prospérité de la nation
Sans procréation, il n’y a pas d’enfants
Sans enfants, il n’y a pas de cris
Sans cris, il n’y a pas de joie
Naissance aujourd'hui, joie pour demain
le poète
Kasele Laïsi Watuta est né en 1946 dans le Sud-Kivu, à Kamituga. Il est décédé en mars 2012. Il écrivait des poèmes en français et en swahili. Il appartenait à une génération de poètes congolais pour qui la patrie et les racines jouent un grand rôle thématique. En 1999, Kasele a publié un recueil intitulé Simameni Wakongomani (Levez-vous, Congolais!), une compilation de chants patriotiques en swahili. La poésie de Kasele a des accents prosaïques puissants. Le poète avait l'habitude d'amalgamer des souvenirs émouvants et des impressions de modernité fragile. Il était aussi un critique littéraire connu et a écrit plusieurs pièces de théâtre ainsi que des nouvelles.
L'œuvre joue avec les différents angles de vue qu'offrent le terrain et les appartements environnants. Depuis les blocs, l'écriture agrandie de la main de l'artiste donne à lire un vers du poète en français et en néerlandais. En bas, les éléments de la sculpture peuvent être utilisés par les enfants du quartier pour s'asseoir ou pour jouer.
plus d'info